En France, le secteur du bâtiment est l’un des plus énergivores (il est responsable de 25% des émissions de gaz à effet de serre). C’est pourquoi, suite au Grenelle de l’environnement 2007, une règlementation a été élaborée afin de réduire la consommation énergétique des constructions neuves et donc, diminuer leur impact sur le climat. Il s’agit de la RT2102 qui est toujours applicable … enfin pour quelques mois. En effet, d’ici la fin de l’année, le texte d’une nouvelle norme devrait être publié, la Règlementation Environnementale (ou RE) 2020. Cette dernière serait applicable fin 2020, voire début 2021, comme le prévoit la loi de réforme du droit immobilier dite loi Elan. Pour l’instant, on ignore encore la date précise et le contenu de ce texte. Néanmoins, quelques pistes émergent et surtout, des réserves sont déjà émises par les professionnels du bâtiment et de la construction.
Un cadre plus large afin de lutter contre le réchauffement climatique
La RE 2020 fait suite à l’application d’une directive européenne sur l’Efficacité Energétique des Bâtiments, qui demandait qu’à partir de la fin de l’année 2020, les constructions neuves soient à énergie quasi-nulle. En France, on a préféré retenir le terme « énergie positive » et on a aussi intégré une partie « carbone ». En fait, cela signifie que les nouveaux édifices construits dès son entrée en vigueur devront produire plus d’énergie qu’ils n’en consommeront. Il faudra également qu’ils aient une faible empreinte carbone (cette dernière concerne désormais tout le cycle de vie d’un édifice, de sa conception à sa démolition). C’est ce que l’on appelle le label E+C- pour « énergie positive et réduction carbone ». De même, cette nouvelle règlementation, qui remplacera la RT 2012, possède un champ d’application plus large. Celle de 2012 se focalisait notamment sur l’isolation des bâtiments alors que la RE 2020 prévoit le recours aux énergies renouvelables (installation de panneaux solaires sur les toits par exemple). D’autres critères sont également pris en compte dont la qualité de l’air intérieur et les matériaux employés. Cependant, pour l’instant, ce sont surtout des pistes car nous ne connaissons pas le texte définitif.
Une nouvelle norme suscitant des inquiétudes
L’objectif de la RE 2020 est donc de lutter encore davantage contre le réchauffement climatique. Un enjeu que les professionnels du bâtiment et de la construction comprennent et qu’ils ne contestent pas. Néanmoins, ils sont nombreux à demander le report de cette nouvelle règlementation, tels les membres du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE). En effet, à l’instar d’experts, ils craignent que son entrée en vigueur soit précipitée. Cette dernière instaurant de nouvelles normes techniques, elle entraînera de grands changements pour les professionnels. Or tout cela prend du temps. Par conséquent, le CSCEE demande que 2020 « soit avant tout l’année de la publication des textes et non celle de l’entrée en vigueur de cette réglementation qui vient bouleverser tous les codes ». Enfin, plusieurs professionnels et spécialistes contestent les méthodes de calculs retenues, en particulier pour le bilan carbone. Il faudra donc attendre encore quelques mois pour en savoir plus.